« SALAM » de Imed Jemaa
Festival International de Hammamet : Question de vie et de danse
“Salam” de Imed Jemaa est une invitation à prendre connaissance et à agir en faveur des questions liées à l’environnement.
La 57e édition du Festival international de Hammamet a accueilli, le mardi 1er août 2023, le spectacle de danse contemporaine signé par Imed Jemaa, «Salam», une production du Théâtre de l’Opéra qui déploie les meilleurs de ses interprètes Oumaima Mannai, Houda Riahi, Hichem Chebli, Wael Maraghni, Zeineb Bouzgarrou, Khouloud Ben Abdallah, Cyrine Kalai, Omar Abbes, Hazem Chebbi, Abdelkader Drihli, Ilyes Triki et Abdelmonoam Khamis, et avec Saber Guegui pour la création lumière, Houssem Eddine Achouri et tout un investissement en technique, décors et costumes pour un spectacle engagé et poignant.
«Salam» de Imed Jemaa est une invitation à la réflexion autour de la question écologique et environnementale avec un focus sur la surconsommation du plastique, mise en avant dans le décor et les costumes. Quand les danseurs sont habités par les propos du chorégraphe, leurs mouvements se mettent au service de sa vision. Imed Jemaa ne fait pas dans la dentelle, la danse pour lui est outil de contestation, il troque le beau pour une esthétique libérée et fait, de son spectacle, un tableau troublant de noirceur. Terrible constat véhiculé par des corps enroulés de plastique, envahis jusqu’à l’asphyxie, mettant en avant les dangers encourus par l’humanité face à la pollution.
Le dialogue entre le plastique et la nature —les corps mutent, sur une voix off documentant les périls de l’environnement — a transformé la scène de Hammamet en champ de désolation. «Salam» est une occasion pour repenser les priorités de l’humanité face à la planète Terre et de remettre en question la conscience écologique collective.
Si nous n’opérons pas un changement radical de comportement, que nous reste-t-il de cet héritage grandiose sur lequel s’est fondée notre grandeur ? La Terre —ce qu’il en reste— se régénérera sans nous, avec ses isotopes radioactifs, jusqu’à l’expiration du soleil prévue dans 4,5 milliards d’années. Cette création artistique semble fonctionner à contre-courant de bon nombre d’entreprises et d’initiatives humaines qui semblent la vouer à destruction et anéantissement total, pour des raisons bassement mercantiles.
Salam est une main tendue, et une invitation à prendre connaissance et à agir en faveur des questions liées à l’environnement.
Une invitation à tout corps dansant, libre et rebelle, pour essayer de changer un quotidien amer avant qu’il ne soit trop tard.
Imed Jemâa interroge le corps, l’environnement, l’existence et la vie et opte pour un art qui exprime les maux et prend la parole pour prendre part à un débat des plus urgents.
ASMA DRISSI
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